LA
PEÑA MONTAÑESA
par
la "vire des chèvres" (ou
Faixa Toro)
Voir
aussi une PAGE DE PHOTOS
Le soubassement du versant sud-ouest de la Peña
Montañesa est constitué par une longue falaise verticale, bien visible
d'Ainsa, soutenant un plateau situé à mi-hauteur de ce versant. Cette
falaise est parcourue par deux vires (voir un encadré de la carte n° 2)
:
. l'une en haut, 50 mètres au-dessous du rebord du
plateau, large, en partie boisée,
. l'autre en pleine falaise (à la jonction des
2/3 inférieurs et du 1/3 supérieur), étroite (5 à 10 mètres
environ), repérable d'en bas sous la forme d'un fin liseré vert, parallèle
à son bord supéreur (voir la photo, avec calque, ci-dessous).
Il y a un problème
de toponymie qui risque de semer la confusion. Depuis
1990, date à laquelle il a parcouru pour la première fois
la vire inférieure, l'auteur du topo ci-dessous a cru qu'elle s'appelait
la "vire des chèvres", nom trouvé dans un ancien
topo-guide, et que c'était la vire supérieure qui était
nommée "Faixa Toro". En fait il s'avère que c'est
la vire inférieure qui porte ce nom, et que la vire supérieure
peut être nommée Faixa Alta. Dans le texte et les dessins
ci-dessous il faut donc lire "Faixa Toro" à la place
de "vire des chèvres", et "Faixa alta" à
la place de "Feixa Toro" (note
2).
C'est cette vire inférieure, la "Faixa
Toro" donc, impressionnante et spectaculaire, d'où on " plane " au-dessus
de la large vallée du rio Cinca, qui mérite le plus d'être parcourue,
en tant que variante de la voie normale de la Peña Montañesa. Par ses
dimensions elle est comparable à la " faja de las florès " dans le canyon
d'Ordesa.
L'agréable et moins impressionnante vire supérieure
mérite d'être parcourue au retour.
Versant sud-ouest de la Peña Montañesa et de la Sierra Ferrera,
vues d'Ainsa, avec un calque situant les deux vires dans la longue falaise
qui forme son soubassement et qui est entaillée par deux couloirs, l'un
étroit, l'autre large (le " Canal Mayor ", à gauche), séparés
par un gros pilier,"El Pilar del Sobrarbe"
Accés
routier ( voir les cartes n° 1 et 2) :
A partir de la sortie 16 de l'autoroute on gagne, par
la départementale 929, Arreau, St-Lary, le tunnel Aragnouet-Bielsa, Bielsa,
et Lafortunada. A 9 kms environ de ce village on quitte à gauche la route
internationale pour suivre les pancartes jalonnant la route du monastère
de San Victorian.
Carte
n° 1, situant la Peña Montañesa dans les Pyrénées centrales, et précisant
son accés routier.
Cette
route traverse d'abord Laspuña (qu'on voit sur la hauteur, en rive
gauche du rio Cinca). A 2 kms de Laspuña, à l'entrée de El Casal
on tourne à droite pour prendre la route du monastère qui passe par Torrelisa,
Los Molinos (brusque virage à gauche) et Oncins.
1,5 kms après ce hameau, à 500 mètres du monastère,
un peu avant une petite chapelle, on arrive au départ du sentier de
la Peña Montañesa, à gauche de la route, encadré par deux panneaux
d'information (on est là à 1100 m. d'altitude, et à 125 kms de l'autoroute,
soit 240 de Toulouse).
Carte
n° 2, de la Péña Montañesa et de ses
abords.
A
cet endroit, on trouve juste au-dessous de la route un petit parking,
à côté d'un cimetière et au-dessus d'un bois, et d'un pré, où il n'est
pas interdit de camper. On peut se ravitailler en eau à côté de la chapelle
(voir le dessin encadré de jaune associé à la carte n° 2).
Dénivelé
:
Environ 1250 mètres. Mais pour évaluer la durée
de la course il faut aussi tenir compte de quelques 4 ou 5 kms de parcours
plus ou moins horizontal.
Difficulté :
Pas de difficulté notable pour la vire des chèvres si on
ne se laisse pas impressionner par son aspect, lorsqu'on la voit de loin,
ou par la proximité du vide lorsqu'on y est dessus.
Pour y accéder il faut descendre par un couloir raide, mais
sécurisé par les buis, denses, qui l'encombrent.
Le parcours de la " faixa toro ", sur un sentier, ne présente
aucune difficulté.
Cartogaphie :
- carte Alpina-GeoEstel-CNIG : la feuille Cotiella-Peña
Montañesa, au 1/25000 ;
- carte des éditions Rando Aneto-Posets (n° 23) au
1/50000 ;
- carte Pirineo, la feuille Bielsa-Bal de Chistau,
au 1/40000.
Itinéraire
:
Pour gravir la Peña Montañesa en passant par la vire des
chèvres il faut d'abord emprunter le sentier de la voie normale qui part
de la route du monastère entre les deux panneaux signalés plus haut.
Il franchit la rigole qui autrefois alimentait en
eau le monastère, maintenant occupée par un gros tuyau, puis atteint un
collet entre une petite éminence qui se détache du versant sud-ouest de
la sierra Ferrera.
De ce collet on voit bien la pente qui mène au plateau intermédiaire
que soutient à gauche la grande falaise : elle est traversée par deux
barres rocheuses, l'une ondule obliquement dans la partie basse de
la pente, l'autre est tout en haut, petite, longue et horizontale. Pour
accéder à la vire des chèvres il va falloir quitter le sentier à peu prés
à mi-hauteur entre les deux barres, en tout cas nettement au-dessous de
celle du haut.
Il existe peut-être d'autres accès plus commodes, plus bas.
Le sentier traverse d'abord, en forêt, un large thalweg,
puis attaque la montée à droite de la barre du bas.
Avant 2009 Il n'y avait pas de repère évident pour
trouver l'endroit où il faut le quitter vers la gauche pour gagner par
une traversée horizontale le bord de la falaise et le couloir par lequel
on descend sur la vire. Cet endroit se trouve nettement au-dessus d'un
pin isolé qu'on aperçoit en haut et à gauche au bord de la barre,
et au-dessus de la limite supérieure de la forêt après laquelle on ne
trouve plus que des buis épars (dont certains d'ailleurs ont manifestement
brûlé dans le passé). A hauteur d'une large zone dépourvue de végétation
qu'on voit en haut et à gauche, il est signalé par un gros cairn,
mais celui-ci est à environ une trentaine de mètres du sentier, d'où on
peut ne pas le voir.
Depuis 2009 cet endroit est signlé au bord du sentier,
au sol, par une pancarte portant la mention "Feixa Toro", et
par le mot "Toro" peint à la peinture rouge sur un rocher
(photo dans la note 2). De plus il est utile de savoir
(si on a un altimètre) que ce point se situe à peu près
à l'altitude de 1500 à 1600 mètres environ, et le haut
du couloir à 1530 mètres (sauf erreur ; voir le croquis
ci-dessous)
Croquis permettant de repérer le couloir
d'accés à la vire des chèvres, à partir du sentier de la voie normale
de la Peña Montañesa un détail permet de l'identifier, ce qui n'est pas
facile, quand on regarde la falaise de loin : dans la paroi rocheuse qui
forme la rive droite de sa partie supérieure on aperçoit deux traits noirs
verticaux parallèles, sous un surplomb).
On
arrive ainsi au bord de la falaise où on trouve, à hauteur de l'extrémité
de la grosse barre "en S" du bas, un éperon qui s'avance
au-dessus de la vallée et dont le sommet est flanqué, à gauche, d'un pin
isolé. Le couloir d'accès à la vire des chèvres descend juste à droite
de cet éperon. Son entrée est barrée par une murette (altitude
: 1530 m.), destinée sans doute à empêcher le bétail d'y descendre (voir
la photo n° 1).
Photo
n°1, montrant l'éperon à droite
duquel descend le couloir d'accès à la vire des chèvres. Son sommet
est flanqué, à gauche, d'un pin isolé. En bas et à gauche de la
photo, on voit la petite murette qui barre l'entrée du couloir.
Juste à droite de l'éperon, on aperçoit le hameau d'Oncins.
La
pente de ce couloir, large et haut d'un peu plus de 100 mètres,
est raide, mais il est encombré de buis denses qui y sécurisent
et même freinent la progression. Il faut descendre, de préférence sur
sa rive droite, jusqu'à un pierrier, visible d'en haut, à hauteur
duquel le couloir bute sur un autre éperon (voir la photo n° 2),
plus petit, marqué par un cairn (altitude : 1415 mètres), d'où
on découvre la vire.
Photo n° 2,
montrant le couloir (en haut et à gauche) d'accès à la vire, vu de l'éperon
qui est à sa base, marqué d'un cairn (à droite du sac posé à terre).
La
partie initiale de celle-ci, à laquelle on accède en descendant du petit
éperon de quelques mètres, est une rampe d'abord en forte
pente, relativement large, occupée par deux pierriers allongés successifs
et des bosquets de buis. Des cairns y guident le cheminement.
La vire devient ensuite plus étroite : sa largeur est en moyenne
de 5 mètres. Sa pente s'atténuant progressivement, elle finit par devenir
horizontale. Elle est modérément inclinée vers le vide mais pourvue
d'un vague sentier à travers sa végétation constituée par des coussins
de genêt très épineux (note 1) et de rares bosquets de buis
parfois difficiles à traverser.
Environné par le vol des vautours, au pied d'une falaise verticale
et au bord d'une autre, on survole ainsi pendant plus d'une heure la large
vallée du rio Cinca et, en aval d'Ainsa, le lac de Mediano.
Vers la fin du parcours la vire creuse un couloir encaissé
dont le thalweg, encombré par des rochers et des arbres fauchés par des
avalanches, est un peu délicat à traverser (ce couloir, raide, peut à
la rigueur être remonté, moyennant un peu d'escalade, jusqu'à l'autre
vire, la " feixa toro ", 100 mètres plus haut, à un endroit occupé par
un bâtiment ruiné).
Peu après la traversée de ce couloir la vire des chèvres contourne
le pilier "El Pilar del Sobrarbe" puis se perd dans les pentes
de la rive gauche du grand couloir vertical qui entaille profondément
la falaise (le " Canal Mayor ").
On
la voit reprendre, plus haut, sur la rive droite du couloir (note
3).
Par un sentier qui prolonge la vire, on monte progressivement vers
le fond de ce large couloir où la pente devient plus forte et le sentier
moins évident. On atteint ainsi dans son thalweg un petit couloir rocheux
qu'on remonte par une escalade facile pour accéder aux pentes, d'herbe
et d'éboulis, où on trouve le sentier de la voie normale
(voir la carte n° 4), par lequel on arrive sans difficulté
au sommet de la Peña Montañesa (2291 m.).
Carte
n° 4, du versant sud-ouest de la
Peña Montañesa, détaillant les différents
itinéraires par lesquels on peut atteindre le sommet de la Peña
Montañesa à partir des abords du monastère de San
Victorian.
Descente
(voir la carte n° 4):
On peut soit reprendre le sentier de la voie normale par lequel
on accéde au plateau en surmontant une barre par une escalade facile,
soit faire
une traversée sous la paroi rocheuse de la Cerro de Canal Mayor
par un sentier qui permet d'atteindre la
partie haute du plateau
Mais au lieu de franchir la barre qui donne accès au plateau
on peut aussi,
de préférence, longer la base de cette barre pour s'engager,
au niveau d'un pierrier, à l'altitude de 1850 mètres, sur la belle
et agréable vire dite " Feixa Toro " (à tort), ou
Feixa Alta, au pied de la petite mais longue et sinueuse falaise qui
soutient le plateau (une photo
du site de Philippe Queinnec situe bien cette vire, en bas à gauche
du cliché, par rapport au plateau intermédiaire et au sommet
de la Peña Montañesa).
Cette vire est large d'une cinquantaine de mètres, grossièrement
horizontale, faiblement inclinée vers le vide de la grande falaise au-dessous.
Elle est en partie boisée et le sentier se faufile entre les coussins
de genêt très épineux et les bosquets de buis épars.
La petite mais longue falaise qui la domine décrit deux arcs allongés.
Au milieu du premier on trouve à sa base les ruines d'une ancienne
cabane, dans l'axe du couloir qui descend vers la vire des chèvres,
vire qu'on aperçoit à l'endroit où elle sort de ce couloir (voir la
page de photos). Dans le second la falaise forme un auvent.
Photo
n° 3, montrant le bâtiment ruiné qu'on
trouve sur la feixa toro.
Longue d'environ 1 km, la vire débouche, à 1800 mètres d'altitude,
sur la partie descendante du plateau, à hauteur d'un enclos.
Par un courte traversée on retrouve les cairns du sentier de la
voie normale (en poursuivant cette traversée au-delà de
la voie normale on trouve une cabane et, un peu au-dessous, un abreuvoir
qui recueille l'eau d'une source, bienvenue par une chaude journée
d'été). Le sentier franchit plus bas, par une désescalade
facile, la
barre incurvée qui limite au sud le plateau,
puis longe un
peu sa base à travers des prés puis
des buis avant d'amorcer la descente (il ya quelques années le
franchissement de la barre se faisait à son extrémité
ouest).
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de page
NOTES
:
1. Ou
genêt hérrisé,
ou encore "coussins de belle-mère" ; en latin : Genista
horrida ; en aragonais : erizon.
2. C'est
le dessin ci-dessous qui a suggéré en 1990
à l'auteur de ce topo (Pierre Carrière), et à des
amis montagnards, de parcourir la vire qui y figure avec le nom "Faja
de las cabras". Ce nom, "vire des chèvres"
a donc été adopté par eux, faute de connaître
un autre nom, pour la vire inférieure, d'autant plus qu'il va bien
avec le caractère très escarpé de cette vire où
par contre on verrait mal des bovidés. De plus, en 2008, c'est
à la vire supérieure qu'un berger rencontré sur le
plateau a donné le nom de "Feixa Toro".
Mais en 2009
un balisage est apparu (photos ci-dessous) pour signaler le couloir
donnant accès à la vire, avec le nom "Faixa Toro",
nom qui d'ailleurs figure aussi sur un panneau représentant la
falaise installé au village de Torrelisa. C'est également
le nom donné à la vire dans le site web muntanyaviva.cat
(voir la note 3). Il doit donc supplanter le nom "vire
des chèvres", conservé cependant dans le présent
site pour ne pas avoir à refaire les dessins.
Dessin paru dans le
topo-guide de Jean-Paul Pontroué et Fernando Biarge intitulé
"Au coeur des Sierras du Haut Aragon" (éditions J.-C.
Bihet, 1989), page 79.
Sur
le sentier de la voie normale
de la Peña Montañesa, départ du
récent (2009) balisage
(à
gauche) de l'itinéraire
menant à la vire des chèvres (nommée "Faixa
Toro") et signalant le haut du couloir descendant vers cette vire,
sur les pierres d'une petite murette sans doute destinée à
empécher le bétail de descendre dans le couloir.
3. En
octobre 2010 des excursionnistes
catalans ont continué le parcours de la vire sur la rive droite
du Canal Mayor, puis dans la partie ouest de la falaise jusqu'à
une sortie par le haut donnant accès au sommet de la Peña
Montañesa, ce qui constitue un formidable itinéraire
pour gagner ce sommet : voir le récit de ce PARCOURS INTEGRAL
DE LA FAIXA TORO, et les nombreuses photos qui l'accompagnent, dans
le site web www.muntanyaviva.cat
, d'où est extraite la photo ci-dessous.
Photo, extraite du site www.muntanyaviva.cat,
où un pointillé rouge situe l'intégralité
de la Faixa Toro, en particulier le prolongement de la vire au-delà
du Canal Mayor (à gauche du Pilar de Sobrarbe), dans la partie
ouest de la falaise, jusqu'à une sortie par le haut donnant rapidement
accès au sommet de la Peña Montañesa.
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